Le désaccord sur la manière de ponctuer la séquence des faits est à l'origine d'innombrables conflits qui portent sur la relation.

<<Soit un couple aux prises avec un problème conjugal; le mari y contribue par son attitude de repli et sa passivité, tandis que la femme y contribue pour moitié par ses critiques hargneuses.

  • En parlant de leurs frustrations, le mari dira que le repli est sa seule défense contre la hargne de sa femme;
  • celle-ci qualifiera cette explication de distorsion grossière et délibérée de ce qui se passe « réellement » dans leur vie conjugale : elle le critique en raison de sa passivité.

Dépouillés de leurs éléments passagers et fortuits, leurs affrontements se réduisent à un échange monotone de messages de ce genre : « Je me replie parce que tu te montres hargneuse, » et « Je suis hargneuse parce que tu te replies ». Nous avons déjà parlé brièvement de ce type d'interaction au § 1-65.

 

Si l'on donne une représentation graphique de l'interaction de ce couple, en choisissant arbitrairement un point de départ, on obtient à peu près ceci:

  • On peut constater que le mari ne perçoit que les triades 2-3-4, 4-5-6, 6-7-8, etc., où son comportement (flèches en traits pleins) « n'est qu' » une réponse à celui de sa femme (flèches en pointillés).
  • C'est exactement le contraire qui se passe pour la femme; elle ponctue la séquence des faits selon les triades 1‑2‑3, 3‑4‑5, 5‑6‑7, etc., et pense qu'elle ne fait que réagir au comportement de son mari, sans le déter­miner.>>

J'estime que cet exemple montre bien la structure récurente centrale d'un JEU ou un processus de @ parasitage au sens de l'AT.

Tiré de * Watzlawick P. & Beavin & Jackson D. Une logique de communication. Norton 1967, trad. Seuil 1972

Chapitre 2 Propositions pour une axiomatique de la communication page 54, § 2-42